samedi 14 juin 2008

Move On

J'ai écrit l'article qui suit il y a deux mois. Je n'avais pas vraiment envie de le publier, j'avais juste besoin d'écrire. Mais peut-être que ça vaut la peine qu'il soit lu ...


Neuf mois déjà que je suis aux Phillipnes.
Mon travail me force à cottoyer une multitude de personnes, des enfants, des parents, des grands parents, des oncles, des tantes,... L'accueil dans les familles est toujours un instant magique. Pouvoir partager un moment la vie de ces gens, apprendre à connaître leur histoire et essayer de comprendre comment ils vivent sont autant de moments forts.
Mais comment font-ils? Parce que la question est bien là. A force d'interviews, j'ai entendu un nombre d'histoires horribles à vous couper le souffle. Leur air joyeux quasi-permanent est déconcertant. Ils se plaignent, certes, des conditions dans lesquelles ils vivent ou plutôt survivent mais garde un ton serein, ne pleurent que très rapidement... Mais que ressentent ils ? Je n'en sais rien. Lors de mes entretiens avec les mères le plus souvent, je leur demande combien d'enfants elles ont et ce qu'ils font, où ils sont. Il n'est par rare qu'elles m'e répondent qu'un, voire même plusieurs d'entre-eux, sont décédés, que d'autres ont disparu et qu'elles sont sans nouvelles depuis plusieurs années, que l'un vit dans la rue, qu'un autre vit chez un proche parent très loin,... Le ton dramatique n'est pourtant jamais d'usage, même certaines réflexions sont surprenantes.
Un jour je demandais à une mère de 14 enfants si les plus âgés travaillaient et pouvaient participer aux frais de scolarités de leurs frères et soeures plus jeunes. Elle me répondit que ses deux fils aînés étaient décédés. Je pris une tête de circonstance lorsqu'on vous apprend une nouvelle de ce genre, mais la mère continua de parler et me dit: "Heureusement j'avais 14 enfants donc j'en ai toujours 12".
Est-ce une blague, une façon de faire passer la pillule, de détendre l'athmosphère? Je n'en sais rien. Des évènements terribles se produisent et touchent la plupart de ces familles si pas toutes et ils acceptent des choses que l'on trouverait intolérables par chez nous. Le décès d'un enfant, d'un parent nous en parlons, nous en pleurons, nour mettons du temps à nous en remettre, à l'accepeter, à penser à autre chose, cela se voit sur nos visages, dans nos attitudes,... Ici rien ne transparait ou un bref moment... Ces histoires sont-elles tellement courantes qu'ils se sont résignés et qu'ils acceptent et regardent vers l'avant, qu'ils doivent continuer à vivre et qu'il ne sert à rien de s'étendre sur des faits qui ne dépendent plus d'eux?
Je me suis rendue à Alcadev cette semaine, un internat dans les montagnes. Après quelques heures sur place, la principale de l'école m'annonce, entre deux cafés, que deux étudiants sont décédés, Jonna et Ren Lee qui étaient frère et soeur. Jonna devaient rentrer en rétho cette année et c'est elle qui m'accompagnait toujours faire le tour de la ferme. Je demande à Maam Ping Ping, la responsable du programme, ce qui s'est passé et là, elle m'apprend qu'ils se sont fait tuer par leur oncle pour des histoires de conflits familiaux... Hein, quoi, comment? Est-ce possible? Essayant d'obtenir des informations pour rendre la chose moins abérante (ce qui n'a pas été le cas), j'apprends que Jonna, 17ans, et son frère, 14 ans, ont été tué le 2 juin, que leur meurtier après avoir avoué le meurtre de deux personnes aux gens du village s'est enfui et que du coup les élèves d'Alcadev ont fait un rateau dans la montagne pour retrouver les corps de leurs deux camarades. Je vous passe les autres détails sordides. Comment cela a-t-il pu arriver? Des élèves cherchent les corps? Je ne comprends pas, cette histoire me dépasse... Le ton sur lequel m'est raconté l'histoire est le même que celui utilisé pour m'indiquer les toilettes, je suis perdue, je suis en plein cauchemar. Sont-ils habitués à ce genre d'histoire? Une recherche de corps de nos camarades de classe ne nous aurait-elle pas value 10 ans de thérapie chez un psy dans les pays développés?
Touchés, les élèves et professeurs l'étaient c'est incotestable, mais résignés également... Ne pas s'étendre sur le sujet, ne pas crier à l'injustice, continuer... Comme le disait Maam Ping Ping "We have to move on".

mardi 27 mai 2008

Premier retour à Alcadev depuis l'évacuation...



Au petit matin du 16 mars, quand il faisait encore noir, Marie et moi marchions dans les rues désertes de Butuan City. Seuls quelques tricycles arpentaient la fameuse High Way qui relie le foyer aux quatre coins du monde... ou plutôt de la région de Caraga.
Un petit déjeuner sympathique au terminal de bus, qui se prolongera d'une heure car nous avons raté ou omis de regarder si notre bus était toujours là... Pas grave, le café 3en 1 est là! Cette grande spécialité locale, ou unique café qu'on peut trouver dans les terminaux, nous offre un mélange parfait de café, sucre et lait en un seul sachet...d'où son nom vous l'aurez compris. On a même la temps de s'en prendre un deuxième en attendant le bus suivant... la vie est quand-même bien faite! Bon, voilà le bus... c'est parti pour 4 heures de sauts à vous en retourner l'estomac...
Cette attraction est vivement déconseillée si vous attendez un enfant, si votre flore intestinale n'est pas au beau fixe ou si vous souhaitez dormir car le bus vous réveillerait du plus profond coma...

Une fois à Diatagon, vient le moment de monter sur la moto ailée! Et devinez quoi...j'étais pour la première fois de ma vie sur les ailes, et oui ils m'y ont autorisé! Un grand moment! Pour garder tout le prestige et cette classe qui m'est innée, je ne vous dirai donc pas que ça fait un mal de dos incroyable ni que, n'étant pas protégée par le chauffeur, je me suis retrouvée couverte de boue ni qu'à peine le moteur de la moto coupé, arrivée à destination, j'entendais mon nom dans le micro et que j'ai du directement monté sur scène pour la remise des diplômes en mode j'ai-fait-un-catch-dans-la-boue... Je tiens toutefois à souligner que j'avais le T-shirt "enfants du Mekong"pour faire un semblant d' "habillée pour la circonstance", et oui je vous le disais... une classe innée.

Le "Graduation Day 2008" d'Alcadev n'était pas un simple "Graduation Day", c'était la première année où des gradués allaient sortir de l'école... Rien d'étonnant dès lors à ce que tout le gratin soit présent: le maire, le barangay captain, et les représentant de nombreuses organisations dont "Nieuwe Wereld", une ONG belge, des soeurs venus des 4 coins de Mindanao, et les datus des environs...
Après la remise des diplômes, nous avons eu droit aux nombreux discours comme toujours et aux danses manobo des étudiants et enfin à l'incontournable et tant attendu buffet où à chaque fois tu as l'effet "cadeau surprise" car chaque préparation est délicatement enroulée dans une feuille de banane de sorte à ce que tu ne sais jamais ce que tu vas manger... c'est peut-être pas plus mal!

Pour ce qui est des dommages causés par l'évacuation, ils sont imperceptibles dans l'école et ses bâtiments, seuls les évacués en portent encore les traces.
Du forum de discussion, qui s’était tenu le 3 janvier 2008 et où étaient présents entre autres l’évêque de Tandag, le président et le vice-président de MAPASU (organisation créée dans les années 90 regroupant les Manobos de Lianga, San Augustin et Marihatag et qui se bat pour protéger les générations futures en essayant de développer les moyens de subsistance des communautés et qui a mis en place un projet d’alphabétisation) était ressorti une demande de mise en place d’un programme de réhabilitation pour les communautés touchées par l’opération militaire de novembre 2007. Il semble que ces demandes aient fait écho.

Ceci étant la preuve que la médiatisation de la situation a porté ses fruits et également que la probabilité que de tels évènements se reproduisent est affaiblie car nombre d’organisations internationales ont les yeux braqués sur la région. Toutefois, la richesse des sols continuera d’en faire une région convoitée qui ne sera jamais totalement sécurisée et stable. La lutte contre les NPA ne semblant être que la façade aux opérations militaires selon certaines sources.

Par ailleurs, les communautés se sont renforcées en raison des évacuations répétées ces dernières années, elles sont plus organisées et cela contribue à une plus grande stabilité dans la région et à leur conférer plus de poids. Siegfried, adjoint de Maam Ping Ping, la responsable du programme, m’expliquait il y a quelques semaines que c’est pourquoi ils continuent de poursuivre le projet « Alcadev ». De plus, beaucoup de gens et d’organisations ont apporté leur soutien à Alcadev. Les violations ont été mises en avant grâce aux médias et aux bruits fait par les communautés qui sont bien décidées à faire valoir leurs droits.




dimanche 4 mai 2008

Nouvelles photos sur "KATAWA"...


jeudi 1 mai 2008

Seras-tu accepté par les esprits de la montagne?


Bubu nous voilà! A peine le temps de faire visiter cette ville hors du commun à Marie, que nous partions en jungle.
Opération Tagpalico, le retour! Cette fois-ci, non pour assister à un festival lumads mais pour le "graduation day" de l'école élémentaire de Tagpalico et pour rencontrer les étudiants qui vont rentrer en humanité et, peut-être, intégrer un foyer en ville...



Premier jour: la montée

La jungle, même pas peur! Je me la joue James Bond, le T-shirt blanc restera blanc. Toutefois, bien que cet habillement inapproprié démontre le contraire, je sais tirer les enseignements des expériences passées... Ce n'est donc plus en clapettes que je me lance à l'aventure mais armée de bottes, d'un malong et non plus d'un paréo faisant également office d'essui, d'une lampe de poche et non plus d'un briquet avec petite lampe intégrée pour éclairer les serrures et d'un anti-moustique. Dans un élan de sympathie, j'ai également fait part de mon nouveau savoir à Paillette et Marie mais Marie, n'ayant pas des pieds de taille philippine, s'est vue contrainte de gravir la montagne en tongues-baskets. C'était une première, ce sera surement la dernière.
Après avoir traversé la rivière à pied, seul moyen d'atteindre le flanc de la montagne à escalader, nous entrons dans la jungle.
Après un certain temps de marche, nous nous installons dans un endroit, tout ce qu'il y a de plus bucolique, petit cours d'eau, végétation et insectes bruyants, pour un petit repas frugal. Le repas habituel, bien entendu tout à fait succulent: poisson séché et riz, qui nous ne le savions pas encore, allait être notre repas pour 3 jours.
Après passé le moment où tout le monde tente de rester propre, une fois arrivé au stade de la résignation, nous nous déplacions comme un troupeau d'éléphants. Droit devant, une, deux, une, deux,... ponctué bien entendu par des "oups j'ai perdu une botte" ou autres "@#*- de basket de #@*-". Autant dire qu'on était prête pour le remake de "Roger Rabit" quand les méchants sont collés au sol à cause d'une glue verdâtre. Ici point de glue, mais une boue, une boue... Après être passé près de notre ami le carabao, nous nous rendons également compte qu'il ne s'agit pas que de boue...
Enfin, nous la voyons, notre future habitation, là juste sur la colline d'en face. Charmant comme dans mes souvenirs...
Quand vient l'heure de dormir, c'est avec joie que nous constatons que nous allons squatter le même sol. La nuit sur planches en bois c'est plus un problème, enfin... pour certaines d'entre-nous. Les yeux de Marie par contre n'ont pas trop apprécié, bonjour la tête de lapin...


Deuxième jour: Le jour de la graduation.

Après une tasse d'eau bouillante, car nous n'avions pas pensé à emporter notre café (oui,j'avoue,je ne suis pas encore tout à fait au point), arrive l'heure de la graduation.
Chaque étudiant en fin de cycle primaire a son poulet prêt pour le sacrifice, les festivités peuvent commencer. Le brave sorcier leur lance la poule à la tête afin que les plumes touchent leur front en récitant des formules ou slogans dans le dialecte local, le manobo, avant de trancher la tête du poulet... Miam.

Je me vois également conviée sur scène pour la remise des diplômes et des 1300 prix qu'on reçoit à l'école ici: le plus présent au cours, le plus honnête, le plus loyal,... Personne n'est oublié.
Ensuite un petit discours de ma part et quelques long discours des professeurs et autres barangay captain, datu et sorcier... A part les poulets, les sorciers et le décor, ça ressemble à n'importe qu'elle graduation aux Philippines.
Après ce moment solennel, vient le moment de s'essayer à la conduite de carabao. Enfin, pour une première, on se laissera conduire par des enfants de 6 ans... même pas honte, on n'est pas née dans la jungle et la conduite de carabao n'est pas innée!
En fin de journée, on part avec Sister Fam visiter quelques familles et jouer avec les enfants. J'ai à l'occasion été gratifiée de quelques jolis présents que j'ai toujours sur moi.

Avant que la nuit tombe, il faut aller prendre un bain. Enfin, bain, douche sont des expressions en ces lieux. C'était l'heure d'aller se laver au milieu du village avec une sorte de tuyau en essayant de se tenir en équilibre sur les pierres afin d'éviter le bain de boue qui, a certes ses vertus, mais n'était pas le but recherché. Après avoir réalisé cet exploit digne d'une équilibriste, j'ai compris que cette tentative était vaine car il fallait bien descendre de cette pierre pour rejoindre notre logis. Résultat: seuls mes cheveux sont restés propres plus de 2 minutes. Qu'à cela ne tienne, j'adore marcher dans la boue. Le soir tombé, poisson, riz et contemplation de l'arbre à lucioles... inexplicable.








Troisième jour: le retour en ville



L'heure de la descente est arrivée, mais avant de repartir nous sommes invitées dans quelques familles des alentours. Un accueil remarquable comme d'habitude. Nous avons eu droit aux crabes, aux poissons, aux cassava cake, aux cassava crackers, aux noix de coco et au fameux tuba, l'alcool de noix de coco...
Après quelques verres, nous sommes redescendues en chantant et nous n'avons pas crié quand on nous a averti de la présence d'un serpent, ni même quand on s'est fait suivre par un cochon sauvage... C'est combien de degré le tuba?














L'hiver Philippin,
les terrasses de riz de Banaue et de Batad


Nous avons profité d'être à Luzon pour explorer les environs et sommes donc parties visiter les terrasses de riz de Banaue et de Batad.
Vieilles de 2 000 ans et construites sur les montagnes Ifugao par les ancêtres de l'ethnie Batad, ces rizières sont le spot touristique le plus connu des Philippines. Certains aiment également l'appeler la huitième merveille du monde...
Nous voilà donc parties pour un petit trip de deux jours avant de rentrer en terrain connu.

Suite à un appel à mon ami Mathieu d'Iligan, qui s'y était rendu peu de temps avant, j'apprends que la compagnie de bus "Autobus", qui a certes trouvé un nom très approprié mais très peu original d'autant que si tu cherches un autobus d'une autre compagnie, cela peut créer quelques quiproquos, propose des bus de nuit.
Fortes de ses explications, nous trouvons le terminal de bus sans trop de difficultés. (En aparté: L'appellation
terminal est-elle justifiée quand il n'y a l'emplacement que pour un seul bus? doit-on préférer le nom de garage? )

Après un petit diner dans un restaurant très coquet en face de notre garage-terminal, nous montons dans le bus où les places sont numérotées. Me voilà assise à côté d'une fenêtre qui, je le constate assez vite, a un trou en son centre qui ressemble étrangement à un impact de balle et qui laisse imaginer toutes sortes de scénarios possibles ou impossibles.
Après plusieurs heures de route, notre bus s'arrête sur une air d'autoroute, comprenez en plein milieu de nulle part où il y a un petit café et un vendeur de bananes, pour des problèmes de moteur. Non qu'on nous ait informé mais nous l'avons déduit lorsque le conducteur s'est plongé tout entier à l'arrière de son véhicule...nous sommes très observatrices. Après une ou deux heures d'attente (on ne compte plus les heures quand on en a passé plus de douze dans un bus), notre autobus de chez "autobus" redémarre et nous arrivons à Banaue saines et sauves, personne ne nous a tiré dessus, ouf.
Mon sens de l'organisation étant toujours aussi développé, nous n'avions rien réservé mais comme espéré les gens sont venu à nous pour nous proposer un logis. Résultat,nous avons opté pour un chalet suisse, ou en tout cas ça y ressemblait beaucoup, nappes rouges et blanches, murs en bois et température hivernale. Il se serait mis à neiger que ça ne m'aurait pas étonné.
L'hiver dans ces contrées n'est pas une saison mais une région. Egarez-vous dans le nord de Luzon et sortez vos
polaires, vos bonnets et vos écharpes.
Hormis ce problème de froid tout était parfait. Notre guide était incroyablement sympathique et les terrasses sensationnelles. Ballades dans les rizières, Marie qui manque de s'y retrouver toute entière, mais n'y aura finalement laissé que ses pieds, et pour couronner le tout, une petite baignade dans les sources d'eau chaude. Magique!
















Sortie de Brousse...





Après 6 mois passé dans le monde des carabaos, des champs, des sari-sari stores, des gaisano's (euh que dis-je... du gaisano), des sacrifices et rituels lumads, de l'absence de trafic, des jeepney pour nains (donc faits sur mesure), des habal-habal, j'ai pris l'avion pour Manille afin d'aller chercher Marie qui arrivait de Bruxelles!
L'occasion de redécouvrir les joies des barbes à papa, de voir le musée des horreurs, j'ai nommé le magasin crocs, d'assister à une exhibition d'aérobic qui m'a fait réaliser que, oui, il est possible de faire du sport aux Philippines, et de voir un mirage. Oui, oui, un mirage! Tel un oasis en plein désert, j'ai trouvé une patinoire en plein Mall de Manille. Un moment intense.
J'ai également pu faire découvrir à Marie la joie des marchés et le plaisir de marcher entre les poissons et les têtes de chèvres... Tout un programme!

Ce ne fût qu'un passage furtif, mais le calme butuanesque, voire même la paisibilité du Sud, me manquait déjà... 6 mois auraient-ils fait de mois une fille de la campagne?! Non mais Manille ce n'est pas Bruxelles, c'est les panneaux publicitaires qui vous empêchent de voir le ciel, le métro-aérien, le trafic insensé, l'impossibilité de se déplacer, se faire arnaquer, discuter les prix de chaque transport, la pauvreté criante dès qu'on sort de certains quartiers,...
Une sortie de brousse stupéfiante.
Rendez-moi mon Butuan!































mercredi 30 avril 2008

Vis ma vie de Pop Corn...



Sister Famita m'a fait découvrir la "sensation Pop Corn" à l'occasion d'une visite de filleul. Partis du foyer de Butuan, nous arrivons, après une demi-heure de camionnette, en bas d'une montagne. Des arbres couchés sur la route nous empêchant de passer, nous descendons tous de la camionnette et deux de nos compagnons de route vont sonner aux portes pour demander de l'aide, ou plutôt, ils vont crier "Ayo" devant chaque cabane en bois des alentours afin de nous trouver un habal-habal. Désolée j'ai tendance a utiliser des expressions figées pas très représentatives. Mais le résultat est là. Après avoir négocié le prix avec un des habitants du village, nous enfourchons tous la moto ailée.
Une fois les troncs d'arbres passés, nous nous retrouvons face à une route en pierres, enfin ce n'était pas une route, si l'on en croit la petit Robert, mon éternel allié, il s'agissait d'un mur de pierres... Qu'à cela ne tienne, tête brûlée, notre chauffeur met les gaz et baf c'est l'embardée, c'est la catastrophe, c'est la chute. Sister, qui avait habilement coincé ses pieds derrière les barres de l'engin de malheur sur lequel nous étions assis, ne tenait plus que par ceux-ci, le reste de son corps ayant basculé derrière la moto. Coup de frein violent,tout le monde descend, gros fou rire. On remonte sur la moto mais celle-ci ne daigne plus démarrer et c'est parti, on pousse, une, deux... (Enfin, moi je prends des photos et je rie.)On remonte, on redescend, on remonte, on redescend. On a davantage marché que fait de la moto mais heureusement qu'elle était là. Le bruit du moteur qui nous devançait avait quelque chose de stimulant. Puis cette sensation qu'à tout instant on peut valser par dessus le guidon et se retrouver sous la roue arrière est tellement euh...intense. En plus les intervalles de 5 secondes où nous pouvions vivre la vie d'un pop corn au micro-onde vallait bien le coup. Toujours est-il que 3 heures après notre départ, nous n'avions toujours pas vu l'ombre d'un filleul.
Enfin, nous arrivons! Plein de boue et tout transpirant mais en vie, c'est le principal.

Petite discussion au sommet (de la montagne):
"Sister où qu'il est ce filleul? Qui c'est qui a choisi un filleul situé dans pareil endroit?"
"En fait, c'est pas encore un filleul. J'voulais que tu viennes visiter pour le prendre sur le programme".

Bon, on me tourne en bourrique, mais je suis en vie donc tout va bien puis j'adoooooore de Pop Corn.
Ah le voilà! Je rencontre, sa maman, sa sœur, son frère et son beau-père, la famille au grand complet. Je prends toutes les notes suffisantes. S'agirait pas de revenir 10 fois.
Après une petite papote, c'est l'heure de la descente qui, elle, se fera sur la moto! Waouw, une heure entière dans la peau d'un pop corn, c'est plus que n'en vit un vrai grain de maïs. Appuyé sur les freins, le chauffeur à l'air de souffrir mais lance des "ok lang" pour nous assurer du contraire.

C'est bon nous sommes revenus sur la terre plane, ferme, enfin dans la boue mais on préfère.


Nous remontons dans notre van mais, après 20 minutes de route, un nouvel arrêt. Un camion vient de s'embourber. Il prend tout le chemin de terre et nous sommes entourés de rizières... Rapide évaluation de la situation: nous sommes coincés.
Opération: enlever les 1300 sacs de riz qui sont dans le camion pour alléger sa charge... une heure. Par chance nous avons un câble dans notre van! Waouw nous sommes sauvés. On l'attache au deux voitures qui sont en position de duel (Enfin ils parce que moi je prends des photos et je rie). Et là, je me rends compte que j'ai parlé trop vite, le câble explose, la fumée noire envahit l'espace. En 3 secondes nous n'y voyons plus rien. Commence la mission "à la recherche d'une âme qui vive et qui possède un câble"... Paillette a bien trouvé un avocat dans les montagnes de Bukidnon, on va bien trouver un câble au milieu des rizière de Guadalupe... Je suis pleine d'espoir. C'est bon, un des gentils monsieurs du camion embourbé, plein de riz et qui fume a emprunté une moto et nous a dégoté un câble en métal... Ouach "re-enfumement" mais le camion est sorti d'affaire. Arrive donc le moment ou nous devons tirer parti des leçons de l'autre véhicule, s'agirait pas qu'on s'embourbe, même si nous on ne transporte pas des milliers de sacs de riz. C'est bon, c'est gagné, la chance nous sourit. Le dieu des transports est avec nous, on est passé, c'est l'hilarité dans la voiture.
On arrive enfin à Guadalupe. Un beau panneau en forme de poisson nous souhaite la bienvenue... C'était la veille du 1er avril, presque un signe. On est content. Les visites se passent à merveille, les filleuls ont de bons résultats, on nous offre à manger, des fruits de toutes parts et j'en apprends également sur la décomposition des noix de coco... journée productive!